BAC II : Module 1 Candide de Voltaire

candide de voltaire

 

COM PRENDRE LE 18 EME S (Préparation de l’étude du conte philosophique « Candide » de Voltaire. )DOC n° :2609      BH2012/2013

Texte I

« Le but d’une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de les transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n’aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succéderont ; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux.»                                D’après « Encyclopédie » in L’Encyclopédie, 1751-1772

Texte 2

 « La Raison détermine le philosophe. Le philosophe forme ses principes sur une infinité d’observations particulières. Il en conçoit de l’estime pour la science des faits ; il aime à s’instruire des détails et de tout ce qui ne se devine point ; ainsi, il regarde comme une maxime très opposée1 au progrès des lumières de l’esprit que de se borner à la seule méditation et de croire que l’Homme ne tire la vérité que de son propre fond.

L’Homme n’est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes de la mer ou au fond d’une forêt. Les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce2 des autres nécessaires ; et dans quelque état où il puisse se trouver, ses besoins et le bien-être l’engagent à vivre en société. Ainsi, la raison exige de lui qu’il étudie, et qu’il travaille à acquérir les qualités sociables. C’est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile.

Le philosophe est jaloux3 de tout ce qui s’appelle honneur et probité. Plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez en lui de probité. Au contraire, où règne le fanatisme et la superstition, règnent les passions et l’emportement. Le vrai philosophe est donc un honnête homme qui agit en tout par raison, et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse, les mœurs et les qualités sociables. Entez4 un souverain sur un philosophe d’une telle trempe, et vous aurez un parfait souverain. »                                      1. un principe contraire 2. Relation avec la société 3. Très attaché à 4. Greffez  « Philosophe » in L’Encyclopédie, 1751-1772

 

Texte 3:

 » Rica à Iben, à Smyrne.

Nous sommes à Paris depuis un mois, et nous avons toujours été dans un mouvement continuel.

Paris est aussi grand qu’Ispahan. Les maisons y sont si hautes qu’on jugerait qu’elles ne sont habitées que par des astrologues. Tu juges bien qu’une ville bâtie en l’air, qui a six ou sept maisons les unes sur les autres, est extrêmement peuplée, et que quand tout le monde est descendu dans la rue, il s’y fait un bel embarras.

Tu ne le croiras pas peut-être : depuis un mois que je suis ici, je n’y ai encore vu marcher personne. Il n’y a point de gens au monde qui tirent mieux parti de leur machine que les Français: ils courent; ils volent. Les voitures lentes d’Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. Pour moi, qui ne suis pas fait à ce train, et qui vais souvent à pied sans changer d’allure, j’enrage quelquefois comme un Chrétien : car encore passe qu’on m’éclabousse des pieds jusqu’à la tête, mais je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et périodiquement. Un homme qui vient après moi, et qui me passe, me fait faire un demi-tour, et un autre, qui me croise de l’autre côté, me remet soudain où le premier m’avait pris; et je n’ai pas fait cent pas, que je suis plus brisé que si j’avais fait dix lieues.

Ne crois pas que je puisse, quant à présent, te parler à fond des mœurs et des coutumes européennes: je n’en ai moi-même qu’une légère idée, et je n’ai eu à peine que le temps de m’en étonner.

Le roi de France est le plus puissant prince de l’Europe. Il n’a point de mines d’or comme le roi d’Espagne, son voisin; mais il a plus de richesses que lui, parce qu’il les tire de la vanité1  de ses sujets, plus inépuisable que les mines. On lui a vu entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n’ayant d’autres fonds que des titres d’honneur à vendre, et, par un prodige de l’orgueil humain, ses troupes se trouvaient payées, ses places munies et ses flottes équipées.

D’ailleurs ce roi est un grand magicien: il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets; il les fait penser comme il veut. S’il n’a qu’un million d’écus dans son trésor, et qu’il en ait besoin de deux, il n’a qu’à leur persuader qu’un écu en vaut deux, et ils le croient. S’il a une guerre difficile à soutenir, et qu’il n’ait point d’argent, il n’a qu’à leur mettre dans la tête qu’un morceau de papier est de l’argent, et ils en sont aussitôt convaincus. Il va même jusqu’à leur faire croire qu’il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu’il a sur les esprits.

De Paris, le 4 de la lune minuscule de Rediab 2, 1712. »                          Montesquieu, XXIV, Lettres persanes, 1721   

. Texte 4:

« Il y a, dans chaque État, 3 sortes de pouvoir.

Par la première, le prince ou le magistrat fait des lois pour un tps ou pour tjrs et corrige celles qui sont faites. Par la seconde,iil fait la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions. Par la 3ème, il punit les crimes ou juge les différends entre particuliers.

Lorsque, dans une même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté, parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat fasse des lois tyranniques pour les exécute tyranniquement. Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. »                                                 D’après Montesquieu, De l’Esprit des Lois, 1748

. Texte 5:

« Si j’avais eu à choisir le lieu de ma naissance, j’aurais choisi un pays où le droit de législation fût commun à tous les citoyens ; car, qui peut mieux savoir qu’eux sous quelles conditions il convient de vivre ensemble dans une même société ? J’aurais voulu naître sous un gouvernement démocratique. »                            Rousseau, Les Confessions, 1782-1789

 

 

. Texte 6:

 « Le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à deux objets principaux, la liberté et l’égalité : la liberté, parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l’État ; l’égalité parce que la liberté ne peut subsister sans elle.

Le passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct et en donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant.  Ce que l’homme perd, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tt ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est sa liberté civile et la propriété de tt ce qu’il possède. Pour ne pas se tromper, dans ces compensations, il faut bien distinguer la liberté naturelle qui n’a de bornes que les forces de l’individu, de la liberté civile qui est limitée par la volonté générale.

J’ai dit ce que c’est que la liberté civile ; à l’égard de l’égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes, mais que, quant à la puissance, elle ne s’exerce jamais qu’en vertu du rang et des lois, et quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour ne pas pouvoir en acheter un autre, et que nul assez pauvre pour être contraint de se vendre : ce qui suppose, du côté des grands, modération de biens et de crédit, et, du côté des petits, modération d’avarice et de convoitise.                                                             D’après Rousseau, Du Contrat Social, 1762.

. Texte 7:

 « Traite des nègres (commerce d’Afrique) : C’est l’achat des nègres que font les Européens sur les côtes d’Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d’esclaves. Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles, et ts les droits de la nature humaine. Personne n’ignore qu’on les achète de leurs princes, qui prétendent avoir droit de disposer de leur liberté et que les négociants les font transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs colonies, soit en Amérique où ils les exposent en vente. »

Article « Traite des nègres », in L’Encyclopédie, tome XVI, 1765

. Texte 8:

 -« L’homme si grand par son intelligence, est en même temps si borné par ses erreurs et par ses passions, qu’on ne saurait trop lui inspirer pour les autres, cette tolérance et ce support dont il a tant besoin pour lui-même et sans lesquels on ne verrait sur la terre que troubles et dissensions. C’est en effet, pour les avoir proscrites, ces douces et conciliantes vertus, que tant de siècles ont fait plus ou moins l’opprobre et le malheur des hommes ; et n’espérons pas que sans elles, nous rétablissions jamais parmi nous le repos et la prospérité. »                                                      Article « Tolérance » L’Encyclopédie, tome XVI, 1765.

. Texte 9:

Le comte Almaviva est amoureux de Suzanne, la jolie chambrière de sa femme. Celle-ci est fiancée à Figaro, son valet, mais le comte entend satisfaire son caprice en exerçant le droit antique du seigneur ou en empêchant  les noces. La comtesse, Suzanne et Figaro, unis, déjouent les projets du comte. La comtesse et Suzanne ont imaginé une nouvelle ruse pour démasquer les ambitions libertines du comte. Figaro, qui n’a pas été mis dans la confidence, s’interroge sur sa destinée.

 » Figaro, seul, se promenant dans l’obscurité, dit du ton le plus sombre.

Non, Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas . Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie! … Noblesse, fortune, un rang, des places; tout cela vous rend si fier! Qu’avez-vous fait pour tant de biens! vous vous êtes donnés la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire! tandis que moi, morbleu! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on en a mis pendant cent ans à gouverner toutes les Espagnes; et vous voulez jouter… (Il s’assied sur un banc) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée! fils de je ne sais pas qui volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m’en dégoûte et veux courir une carrière honnête; et partout je suis repoussé! »          Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, ActeV,scène3 (écrit entre 1778 et 1781, joué en 1784)

. Texte 10:

 » (…) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil! je lui dirais … que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’au lieu où l’on en gêne le cours; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur; et qu’il n’ay a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. (il se rassied) On me dit que pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions qui s’étend même à celle de la presse; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place … je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, ActeV,scène3 (écrit entre 1778 et 1781, joué en 1784)

Prolongement possible  sous forme d’exposés :

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789    

1.Etude du préambule : la visée de la Déclaration

2.La signification de la déclaration

A)Les libertés fondamentales

B)L’égalité des citoyens

C)La souveraineté de la nation

3.Limites et continuités de la déclaration

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